Source: Éducation aux médias : Dysturb affiche le photojournalisme sur les murs de nos villes
Lors des Assises du Journalisme, le collectif de photojournalistes Dysturb a reçu le prix Éducation aux médias dans la catégorie Association, parrainée par le ministère de la Culture. Portrait.
Des interventions dans l’espace public selon les codes de l’affichage public : c’est ainsi que Dysturb conçoit son rôle dans la société. En placardant des tirages de photojournalistes du monde entier sur les murs de nos villes, le collectif fondé par le journaliste Pierre Terdjman s’engage en plaçant des campagnes d’information ciblées sur l’actualité internationale là où on ne les attend pas. Et ce n’est pas tout. Le collectif est aussi à l’origine de programmes d’éducation citoyenne, notamment en milieu scolaire. Le résultat, spectaculaire autant qu’efficace, impressionne.
Pour l’originalité et le talent avec lesquels ils mènent ces actions, les Assises du journalisme qui se sont tenues les 29 et 30 septembre, à Tours, lui ont remis le prix « Éducation aux médias et à l’information », catégorie association, parrainée par le ministère de la Culture. « Ce prix récompense notre travail dans les établissements scolaires francophones », s’est réjoui Pierre Terdjman sur le compte Instagram du collectif, en insistant sur l’importance du « dialogue avec les élèves sur les sujets d’actualité et de société » et le travail de « décryptage de la fabrique de l’information en partageant leur expérience du terrain ». Quelques jours plus tôt, le 28 septembre, pour célébrer la journée internationale de l’accès universel à l’information, le collectif de photographes avait tout naturellement choisi de publier une photo des collages qui l’ont rendu célèbre.
La « signature » Dysturb
Le collectif est né en 2014 de la volonté de son initiateur, le photojournaliste Pierre Terdjman, qui a notamment couvert des événements internationaux majeurs et photographié les images de l’attentat au Bataclan pour des grands titres de presse, de porter les images de presse à la connaissance d’un large public en les affichant directement dans l’espace urbain. Il fédère très vite autour de lui des photojournalistes, des artistes, des écrivains, et Dysturb ne tarde pas à apposer sa signature un peu partout sur les murs des grandes villes avec de grandes images en noir et blanc.
En s’affranchissant du mode de diffusion traditionnelle, il le fait d’une façon bien à lui, disruptive à 100%
Son objectif : sensibiliser et éduquer aux enjeux et questions de notre temps autant qu’alerter sur les événements les plus préoccupants tirés de l’actualité – des collages récents sur les murs de New-York dénoncent ainsi les violences familiales. Mais en s’affranchissant du mode de diffusion traditionnelle, il le fait d’une façon bien à lui, disruptive à 100%, que l’on peut voir comme une réponse au contexte de défiance de plus en plus grand des citoyens à l’égard des médias traditionnels – dont les rentrées publicitaires ou l’actionnariat influent questionnent l’indépendance – et, sur le versant opposé, à l’influence des réseaux sociaux.
Informer des 15-25 ans, un enjeu de taille
Le « programme d’éducation citoyenne pour lutter contre la désinformation et éveiller l’esprit critique des futures citoyens et citoyennes » que développe Dysturb en direction des publics scolaires est un prolongement naturel de son action initiale. Le protocole est simple : en lieu et place des murs de la ville, ce sont ceux des classes, où se déplacent les photojournalistes, qui accueillent le temps d’une journée les images en grand format auxquelles les élèves sont invités à réagir. Audience ciblée : les quinze-vingt-cinq ans. L’enjeu : la transmission et l’éducation des jeunes à l’image, au journalisme et à l’information.
En lieu et place des murs de la ville, ce sont ceux des classes qui accueillent le temps d’une journée les images en grand format
Depuis 2014, les photojournalistes de Dysturb se sont ainsi déplacés dans des dizaines d’écoles à travers le monde, y trouvant également l’occasion de promouvoir un métier qui, bien souvent, n’est pas rémunéré à sa juste valeur alors même que ceux qui le font prennent parfois des risques considérables. Un programme que complètent utilement les publications du collectif sur son site Instagram tant ce réseau social est prisé des jeunes. Ainsi, récemment, des publications ont alertée sur la situation politique en Afghanistan et au Liban, ou sur le réchauffement climatique et les incendies qui pendant l’été ont un peu partout ravagé la planète. Au moment de finir d’écrire cet article, on découvre une nouvelle publication. Son titre qu’accompagnent plusieurs images : « Le Yémen, la pire crise humanitaire au monde ».
Instagram : @dysturb