Par Christiaan COLPAERT
Depuis 1951, nous assistons à un accroissement décennal constant d’environ 80% des scènes de violence dans les programmes télévisuels tant américains qu’européens.
Un paradigme[1] basé sur des recherches scientifiques semble s’imposer :
– les films violents augmentent l’agressivité des sujets surtout s’ils sont enclins à développer un comportement agressif,
– en cas de combats, si le vainqueur constitue une figure d’identification positive, l’agressivité s’en trouve renforcé,
– la violence réelle entraîne plus d’agressivité que la violence filmée.
Des études de terrain dans le milieu naturel des sujets permettent de nuancer[2] ces affirmations. Les thèses suivantes ont toutefois, dans l’ensemble[3], été confirmées :
– la discussion du film diminue le taux d’agressivité induite par la vision de la violence filmée ;
– une initiation, courte ou longue, aux techniques cinématographiques est efficace et préventive ;
– la durée de l’initiation augmente l’efficacité de la prévention ;
– l’initiation doit être adaptée à l’âge ;
– la prévention porte, outre sur la diminution de l’agressivité, aussi sur celle du stress et de l’anxiété provoqués par une exposition à la violence filmée ;
– les stratégies les plus efficaces combinent l’éducation cinématographique et activités de verbalisation.
Un argument important est qu’il paraît difficile de former à la double compétence de décodeur et d’encodeur audiovisuel sur base de réponses exclusivement verbales. Par conséquent, il faut privilégier des stratégies théorico-pratiques mais aussi plus créatives[4], pour une pédagogie de création du récit en images.[5]
Les objectifs de l’éducation aux média audio-visuels sont :
– que les jeunes apprennent la différence entre le contenant (l’image) et le contenu (la réalité), car l’image peut toujours donner une fiction[6] de la réalité ;
– l’alphabétisation audiovisuelle est un instrument réel de démocratie car il forme un sain esprit critique qui évitera que la société d’information (omniprésence de l’audiovisuel) ne devienne une manipulation.
– l’audiovisuel devient grâce à l’éveil de l’esprit critique source d’information et non plus d’endoctrinement.
[1] Leyens J. Ph., Herman G. Cinéma violent et spectateurs agressifs (1979) Psychologie Française, 24, 151-168.
[2] Frydmann M. Télévision et violence. Bilan et réponses aux questions des parents et éducateurs. Éditions Médicales Internationales (EMIS) Charleroi (1993)
[3] Les assimilations sont différentes pour le cinéma et la télévision, par exemple. (cfr Mac Luhan M. (1968) Pour comprendre les médias. Seuil Paris.)
[4] Peraya D. TECFA/FPSE, Université de Genève. Revue Recherches en communication,n°1 Arguments(1994)
[5] Media Opleiding Centrum a organisé suivant ce point de vue une formation à l’audiovisuel dans l’enseignement secondaire néerlandophone de Bruxelles, secteur confondu (libre, confessionnel ou d’État). Un des premiers exercices pratiques consistait, à faire découvrir par l’expérimentation que le rapprochement de la réalité peut se faire en manipulant le zoom ;
[6] En juillet 1960, à Léopoldville, Kalina, un groupe de journalistes de plusieurs revues internationales crédibles, réuni dans une villa abandonnée avenue Valke, se concertait tous les soirs, sur les images et commentaires qu’ils enverraient en dans le monde, afin que leurs commentaires soient cohérents.